Scaling Housing Unit
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Tripode à Rezé et Zoo galerie à Nantes se sont associés pour inviter Benoît-Marie Moriceau à investir le site de la Maison Radieuse à Rezé du 22 juin au 22 septembre 2013.
Le travail de Benoît-Marie Moriceau sur les lieux et modes d’apparition de l’art est fortement lié aux situations dans lesquelles il intervient et en dialogue récurrent avec l’architecture et l’urbanisme. Ses œuvres sont souvent le résultat d’une mise en tension de sites remarquables comme le parvis du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, violemment illuminé à l’occasion de l’exposition « Dynasty »1, comme cet ancien hôtel particulier en plein cœur de Rennes intégralement recouvert de peinture noire (Psycho)2 ou encore cette micro-friche habituellement dérobée à la vue des passants dévoilée par la pose d’un miroir géant3 (biennale de Belleville 2010). Parallèlement, l’artiste collabore régulièrement avec des architectes comme Gaston Tolila, avec qui il a conçu son atelier, la Mosquito Coast Factory, qui s’est vu décerner le prix du Moniteur 2012 de la première œuvre d’architecture.
Il semble donc naturel que son attention se soit portée sur la Maison Radieuse de Rezé — au sud de l’agglomération nantaise — érigée au sortir de la seconde guerre mondiale par celui que de nombreux commentateurs considèrent comme l’un des architectes les plus importants de tous les temps : Le Corbusier. Le bâtiment, qui dresse son impressionnante silhouette au milieu d’une tranquille zone pavillonnaire, fait partie des cinq unités d’habitation bâties sur le même modèle révolutionnaire : celles de Marseille, de Firminy, de Briey-en-Forêt et de Berlin. Tout le monde connaît l’opiniâtreté de l’architecte suisse, chantre du modernisme, à vouloir construire une cité fondée sur des principes utopiques et une radicalité esthétique sans concession. La forteresse de béton armé a mieux résisté à l’épreuve du temps que les rêves d’harmonie universelle de son créateur ; une vie associative et communautaire très active continue cependant d’animer le bâtiment, persistance atténuée d’un idéal hors d’atteinte.
Benoît-Marie Moriceau n’a pas cherché à s’attaquer de front au mastodonte de béton non plus qu’à la légende du « Corbu » : comme pour le Palais de Tokyo ou pour Belleville, où il s’est plus attelé à révéler qu’à déconstruire, il a tenté ici une intervention de surface qui met en place un subtil jeu d’oppositions. Les modules qu’il a posés sur le pignon aveugle de la construction sont de véritables tentes d’alpinisme, abris techniques destinés au repos des grimpeurs engagés dans de longues et périlleuses ascensions d’abruptes parois : la dimension de montagne urbaine du building apparaît alors nettement, rejoignant au passage les nombreuses descriptions imagées de la littérature architecturale où les canyons, pitons et autres éminences rocheuses, autant de métaphores du relief naturel, sont largement utilisés pour évoquer la ville moderne.
Pesanteur du béton contre apesanteur de la toile, solidité minérale contre fragilité textile : ces oppositions initient des récits qui rejouent la dramaturgie de l’histoire de l’habitat. Instinct de protection contre désir d’aventure, modernisme collectiviste contre idéal de dépassement de soi : l’œuvre de Moriceau vient dépoussiérer une mythologie quelque peu oubliée pour la confronter au passage du temps et à l’individualisme de l’époque, interroger les fondamentaux de l’architecture dont le potentiel de dérive poétique va bien au-delà du simple aspect fonctionnaliste, mais elle peut aussi s’appréhender de loin4 comme de simples touches de couleur sur une gigantesque toile.
1 Bright Square Society, Dynasty, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris/ARC et Palais de Tokyo, juin/septembre 2011.
2 Psycho, production 40mcube, en partenariat avec le Théâtre National de Bretagne, novembre 2007.
3 Sans titre, première édition de la biennale de Belleville, Paris, septembre/octobre 2010.
4 Tout au long de l’intervention sur la Maison Radieuse seront proposées des conférences par des architectes et des critiques d’architecture depuis des sites remarquables de Nantes et de Rezé. Ces points de vue distanciés sur l’œuvre de Benoît-Marie Moriceau seront l’occasion d’engager un dialogue avec l’artiste sur la dimension paysagère de son œuvre et les rapports qu’elle entretient avec l’urbanisme.
Scaling Housing Unit a été rendu possible grâce à la participation active de l’Association des Habitants de la Maison Radieuse de Rezé, des autorisations du Conseil syndical de co-propriété de la Maison Radieuse et d’Atlantique Habitations, de la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire (Service Territorial du Patrimoine et de l’Architecture), et de la Fondation Le Corbusier. Benoît-Marie Moriceau a reçu le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne. Tripode bénéficie des soutiens de la ville de Rezé, du conseil régional des Pays de la Loire, du conseil général de Loire-Atlantique et de la Drac des Pays de la Loire. Zoo Galerie bénéficie des soutiens de la ville de Nantes, du conseil régional des Pays de la Loire, du conseil général de Loire-Atlantique et de la Drac des Pays de la Loire.
Télécharger le dossier de presse : DP-BMM.pdf
Benoît-Marie Moriceau
Scaling Housing Unit
Tripode in Rezé and Zoo Galerie in Nantes are jointly inviting Benoît-Marie Moriceau to produce a work for the Maison Radieuse site in Rezé, on view from 22 June to 22 September 2013.
Benoît-Marie Moriceau’s work on places where art appears, and how it appears, is closely linked with the situations within which he works, in a state of recurrent dialogue with architecture and city planning. His works are often the outcome of a state of tension created in outstanding sites such as the forecourt of the City of Paris Museum of Modern Art, violently lit up for the exhibition “Dynasty”1, that old private mansion in the heart of Rennes entirely covered with black paint (Psycho)2, and that small wasteland lot usually not visible to passers-by, revealed by the placement of a huge mirror3 (Belleville Biennale, 2010).
In tandem, the artist regularly works with architects such as Gaston Tolila, with whom he designed his studio, the Mosquito Coast Factory, which was awarded the 2012 Prix du Moniteur for a first architectural work.
So it seems quite natural that his attention should be drawn to the Maison Radieuse in Rezé—south of the greater Nantes area—which was erected just after the Second World War by the person whom many commentators regard as one of the most important architects of all time: Le Corbusier. The building, which presents its impressive silhouette in the midst of a quiet suburban area, is one of the five dwelling units built on the same revolutionary model—the others being Marseille, Firminy, Briey-en-Forêt and Berlin. We all know about the stubbornness of the Swiss architect, modernism’s apologist, when it came to building a housing project based on utopian principles and an uncompromising aesthetic radicalness. The reinforced concrete stronghold has withstood the test of time better than its creator’s dreams of universal harmony; but a very busy associative and community-oriented life still brings life to the building, like the toned down perseverance of an ideal out of reach.
Benoît-Marie Moriceau has not tried to grapple head-on with the concrete behemoth, any more than with the legend of “Le Corbu”: as with the Palais de Tokyo and in Belleville, where he focused more on revealing than on deconstructing, he has here attempted a surface intervention introducing a subtle interplay of contrasts. The modules he has placed on the construction’s windowless side wall are nothing less than mountaineering tents, technical shelters designed to offer rest to climbers involved in long and perilous ascents of sheer rock faces: the building’s dimension, akin to an urban mountain, thus appears clearly defined, linking up, in passing, with the many picturesque descriptions in the architectural literature, where canyons, needles, pitons and other rock phenomena—all so many metaphors of the natural relief—are widely used to describe the modern city.
The weight of concrete versus the weightlessness of the canvas, mineral solidity versus textile fragility—these contrasts usher in narratives which re-enact the drama of the history of the dwelling. A protective instinct versus a desire for adventure, collectivist modernism versus the ideal of going beyond oneself—Moriceau’s œuvre gives a new lease of life to a somewhat overlooked mythology, confronting it with the passage of time and the individualism of the time, and questioning the fundamentals of architecture whose potential for poetic drift goes well beyond the mere functionalist aspect, but it can also be grasped from afar4 like simple touches of colour on a gigantic canvas.
1 Bright Square Society, Dynasty, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris/ARC and Palais de Tokyo, June/September 2011.
2 Psycho, a 40mcube production, in partnership with the Théâtre National de Bretagne, November 2007.
3 Sans titre, the first Belleville Bennale, Paris, September-October 2010.
4 Throughout the work on the Maison Radieuse, there will be lectures by architects and architectural critics in outstanding sites in Nantes and Rezé. These removed viewpoints on Benoît-Marie Moriceau’s work will offer an opportunity to engage in a dialogue with the artist about the landscape dimension of his œuvre and its relations with city planning.
Scaling Housing Unit has been made possible by the active participation of the Association des Habitants de la Maison Radieuse de Rezé, authorizations from the Conseil syndical de co-propriété de la Maison Radieuse and from Atlantique Habitations, the Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de la Loire (Service Territorial du Patrimoine et de l’Architecture), and the Fondation Le Corbusier. Tripode and Zoo galerie are supported by the Conseil régional des Pays de la Loire, the Conseil général de Loire-Atlantique, the Drac des Pays de la Loire, the town of Rezé (Tripode) and the city of Nantes (Zoo Galerie ). This project has been supported by the Ministry of Culture and Communication – DRAC Brittany.
Download the press kit : PressBMM.pdf