Charlotte Dalia
Rouge Apocalypse
Exposition du 15 octobre au 15 novembre 2021
Exposition en vitrine au 12 rue Lamoricière – 44100 Nantes
« Après les performances de Meg Boury et de Clélia Berthier, La Laitière et La Danse du ventre, Zoo galerie poursuit sa série d’expositions dans les vitrines de son nouveau local, au 12, rue Lamoricière, en accueillant l’installation vidéo de Charlotte Dalia, Rouge apocalypse.
Dans Sunshine, le film de Danny Boyle, un soleil fatigué cesse d’éclairer de ses rayons surpuissants une terre livrée à une apocalypse de glace… Les scénarios de science fiction ont ceci de saisissant qu’ils transforment nos pires cauchemars en défis surhumains pour une poignée de guerriers scientifiques sommés de sauver la planète au cours d’expéditions de la dernière chance. Si ce final apocalyptique n’est pas le plus probable (le soleil en a encore pour quelques milliards d’années avant de consommer la masse d’hélium et d’hydrogène qui le constitue) le film du réalisateur anglais a le mérite de nous faire prendre conscience de la réalité aveuglante de notre étoile, même affaiblie. L’œuvre de Charlotte Dalia, Rouge Apocalypse, évoque ces scénarios catastrophes avec un titre qui pourrait tout-à-fait être celui d’un film de grand spectacle.
L’époque actuelle est baignée dans la SF et la pensée de l’apocalypse à venir : celle qui nous est promise par le réchauffement climatique, synonyme de canicules à rallonge, de banquises en voie de disparition et de forêts qui se consument… L’œuvre de Charlotte Dalia met en scène un « sunset » des plus hollywoodiens : un soleil couchant dont les rayons se reflètent dans l’océan avant de disparaître derrière l’horizon. Mais son soleil démesuré nous renvoie également au spectaculaire des blockbusters, qui savent si bien exploiter nos peurs et nos angoisses du moment.
Sur la vitrine de la galerie est apposé un film opaque qu’un texte inscrit en réserve et aux allures de script vient percer d’une multitude de micro-fenêtres. L’étrange dialogue qu’il compose évoque des situations scéniques difficiles à évaluer ; il évoque aussi des « movie stars » … Mais de quelles stars s’agit-il ? Acteurs inconnus perdus dans un film au scénario improbable ? Soleils démesurés qui emplissent l’espace d’une galerie ? Le texte conserve le mystère.
L’apocalypse est, à l’origine, une révélation. Mais les multiples interprétations et altérations ont transformé au fil du temps ce « scénario » évangélique fondateur en pure et simple catastrophe. L’œuvre de Charlotte Dalia mêle des éléments mythologiques à des préoccupations sociétales qui imprègnent fortement notre époque troublée. La mise à distance qu’installe le dispositif, forçant le regard à pénétrer la vitrine de la galerie à travers le lettrage, nous renvoie à l’idée de dévoilement originel que la notion contemporaine d’apocalypse a définitivement éclipsée. »
Patrice Joly
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Vues d’exposition – photo : Philippe Piron. DR