Zoo galerie présente
une exposition de
Damien Mazières
du 16 mars au 5 mai 2002
Ce jeune artiste bordelais désormais basé à Marseille, où il vient d’effectuer une résidence à l’association triangle, s’était déjà fait remarquer l’an passé au CAPC de Bordeaux, par sa première exposition personnelle.
Damien Mazières s’inscrit dans une grande tradition de la peinture qui, de Mondrian à Sarah Morris, a toujours su donner à ce medium vigueur et dynamisme, pertinence et fraîcheur, lorsque tout semble avoir été dit et tenté.
La ville et son architecture, ses buildings et ses rues sont les figures de prédilection d’une peinture qui s’attache à en faire ressortir les trames, les tracés, les lignes et les signes. Mondrian, dans une attitude réductrice à l’extrême s’était évertué lui aussi à figurer la ville et ses innombrables « canyons » en ses réseaux monochromiques étroitement imbriqués qui firent sa célébrité ; sans aller aussi loin dans le dépouillement géométrique, on sent chez Damien Mazières la volonté de simplifier ces termes du « décor urbain » en des éléments d’organisation du tableau qui laissent parfaitement deviner le point de vue d’origine : la silhouette de l’usine, les contours d’un building détouré de son ciel aux couleurs martiennes.
La technique de Mazières est relativement « simple » : il procède par aplats et juxtapositions, soulignements des éléments de récurrence : là où un Mondrian cherchait à enserrer la ville dans ses fameuses grilles qui symbolisaient le modernisme triomphant, Mazières pointe des éléments de force qui organisent le tableau selon des rythmes réguliers. La « grille » s’est disloquée, liquéfiée au profit d’une lecture beaucoup plus anarchique de la ville. La couleur contribue largement à ce sentiment d’étrangeté qui agit en porte-à-faux d’une interprétation trop réaliste : hallucinée et acidulée, dépressive et psychédélique, la ville est désormais sujet de torpeur et de désillusion, hantée par la brutalité et le trouble, l’étrangeté et les dérangements. Bordeaux la bourgeoise se donne des allures de métropole américaine ou japonaise avec ses tours rose fluo et ses parkings souterrains vert acide.
La peinture de Damien Mazières rencontre le cinéma lynchien quand les zones de clarté s’estompent, les perspectives s’abolissent et les couleurs nous égarent. Cinéma encore lorsque la vidéo vient assister la peinture à travers des dispositifs de vision. À Zoo galerie, c’est Star Wars qui est mis à contribution pour ces séquences de bleu qui, vidéoprojetées sur le mur, rebondissent sur les tableaux et viennent les éclairer, opposer cette peinture qu’on dit moribonde au medium cannibale et risquer la confrontation.
Damien Mazières est aujourd’hui représenté par la galerie Cortex Athletico, Bordeaux.