Zoo Galerie présente
AIRWAVES*
Une exposition de
Daniel Chust Peters
Du 3 juin au 15 juillet 2006
(*Courant d’air)
Des architectures réelles réduites comme des jouets, un art praticable qui se dissout dans l’expérience, un atelier d’artiste qui s’offre comme œuvre et une méthode de travail qui vire à l’obsession, nous voilà plongés dans l’univers de Daniel Chust Peters, artiste hispano-brésilien qui revient à Nantes dix ans après son exposition chez Oxymore.
Né à Sao Paulo en 1965, Chust a passé sept années à Paris ( 1990-1997) entre l’ENSBA et l’Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques alors dirigé par Hulten et Buren. Il vit et travaille depuis à Barcelone.Des expositions personnelles au Centre d’Art Sta Monica, à l’espace 13 de la Fondation Mirò et La Caixa Montcada à Barcelone, au Palais des Arts de Toulouse, à la friche Belle de Mai de Marseille, collectives au Domaine de Kerguéhennec et au musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, mais toujours une seule et même méthode de travail, comme une rengaine :
1- : J’ai une idée : je reproduis mon atelier
2- : Je n’ai pas d’idée : je reproduis mon atelier
3- : J’ai une autre idée : je reproduis mon atelier.
Depuis toujours en effet, Chust reproduit systématiquement chaque atelier où il travaille, créant ainsi sa propre autobiographie à travers ses œuvres. Modifiant l’échelle et variant, en des déclinaisons infinies, les matériaux, Daniel Chust réinvente à ces architectures de nouveaux usages, les changeant tour à tour en maisons de poupées, serres, volières… L’idée de transformation est ici fondamentale parce qu’elle met en évidence l’artifice de la convention la plus sérieuse que l’imagination peut interpréter en toute liberté, mais aussi parce que s’opère alors un déplacement de la question artistique vers le monde réel. La transformation prend alors tout son sens, puisqu’il ne s’agit pas seulement de suivre les règles d’usage de ces nouveaux objets, mais bien plutôt de créer une spéculation critique de l’architecture en corrigeant sa toute-puissance à penser des espaces de vie, par la transformation de ses projets en simples objets.
À Nantes seront exposés Airless ( 2004) déjà présenté à Nuit Blanche 2004 et à Interface à Dijon, Air comprimé (2006) exposé récemment à la Casa de America de Madrid, et Airwaves ( 2005) encore inédit. Airless est une pièce duale qui, pour partie est un bijou— une reproduction miniature de l’atelier réalisée en argent—et pour partie une image de vidéosurveillance dudit bijou projetée au mur— reproduction agrandie de la reproduction miniature. Résultant d’une invitation lancée par l’artiste à des musiciens des rues, la vidéo Air Comprimé les montre jouant la musique la plus triste et nostalgique de leur répertoire dans un coin de son atelier. Quant au projet Airwaves, il est une tentative de gestion par Chust de sa frustration face à son incapacité à participer à la vie quotidienne de la société. Toutes les fonctionnalités de l’atelier sont alors effacées par suppression de ses éléments usuels, redonnant ainsi à l’espace architectonique une neutralité toute nouvelle. Chust peut donc y accueillir les membres des associations qu’il a sélectionnées parmi celles qui sont concrètement organisées pour minimiser les problèmes quotidiens, et les photographier dans un espace asservi à leur mise en valeur. Tandis que l’atelier lui-même s’efface dans son devenir-œuvre, les associations apparaissent comme une interférence entre l’espace de l’artiste et l’espace d’exposition et Chust renouvelle la relation entre les différentes réalités ayant une incidence sur la construction de l’œuvre d’art. Il reste ainsi toujours, par delà les multiples variations sur le thème de la reproduction de l’atelier, l’offrande de l’espace privé de l’artiste.