Zoo galerie présente
GAME PLAY
Une exposition de
Flavie Pinatel*
Du 15 novembre au 13 décembre 2008
*musique de David Oppetit
Aux origines du portrait se trouve l’idée de mort et de survie. Le portrait apparaît comme une tentative désespérée de conjurer la durée éphémère de la vie. Ceux que réalise Flavie Pinatel, depuis déjà quelques années, sont des portraits d’inconnus, rencontrés dans la rue, qu’elle filme dans leur environnement, le plus souvent leur appartement. De ces plans fixes se dégage une étrangeté propre aux tableaux vivants, qu’une incursion dans une intimité réelle rend plus troublants encore. Et l’on oublie alors, absorbé que l’on est par notre voyeurisme primaire, de se demander à quel moment le naturel et le feint se rencontrent-ils. À la croisée du cinéma et de la vidéo documentaire, les images de Flavie Pinatel empruntent leurs motifs au réel en y ajoutant un double point de vue, celui du sujet filmant qui oriente la vie du sujet filmé vers un scénario, et celui du sujet filmé qui, complice, abandonne son corps à la représentation de sa propre mise en scène, dans le décor de son quotidien, rejouant ses gestes mêmes.
Pour sa première exposition personnelle, la jeune artiste présentera un triptyque inédit de vidéos tournées dans la cité de La Maladrerie d’Aubervilliers, quartier dit sensible, construit sur le site d’une ancienne maladrerie, ces léproseries qui, à l’écart des agglomérations, cloîtraient les malades loin des bons chrétiens au temps de l’Inquisition. Dans ce labyrinthe de béton s’égayent désormais des enfants au son polyphonique de leurs nintendo DS, jouant à elektroplankton, jeu contemplatif dans lequel il s’agit de composer de la musique en relation avec un environnement donné, et non de se montrer conquérant. Ils tournent en rond, se poursuivent et se filment, entre gris ciment et fluo pixellisé, modifiant à coups de stylet cet espace à la lisière du réel et de son reflet sur lequel on leur laisse une vague créativité.
Trois points de vue sur ce même lieu, ce même moment de jeu, s’entremêlent en boucles de durées diverses qui se chevauchent mais jamais ne se superposent parfaitement, paradigmes de l’errance à l’origine — étymologique— du plancton.