The Night shift
Commissariat : Patrice Joly
Vernissage le vendredi 27 octobre à 18h30
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Pour sa première exposition personnelle en France, Liv Schulman présente une mini série en trois épisodes sur un groupe de scénaristes qui souffre d’un colossal manque d’idées.
Que faire ? a été intégralement tournée dans des lieux municipaux de Noisy-le-Sec avec un groupe d’acteurs amateurs, tous habitant la ville. Que faire ? est censée donner des indications sur les stratégies de construction des fictions ou encore distiller des considérations sur le potentiel de la créativité comme force productive ; elle met en scène un groupe hétérogène de personnages issus de l’intense énergie scénaristique de l’artiste, nourris par l’observation attentive d’un lieu dédié à la production de discours culturel, le centre d’art. Inspirée du livre de Lénine qui souligne la nécessité de se regrouper afin de produire de l’action, la série décrit son pendant inverse : minés par l’impuissance qui les dévore, les scénaristes regroupés n’aboutissent qu’à développer une forme aiguë de frustration. La fiction de Liv Schulman décrit un processus d’aliénation d’une catégorie de personnes, les auteurs de séries, victimes de la pression impitoyable d’un système qui les somme coûte que coûte de produire de la fiction récréative.
Le recours aux thérapies conductrices, censément capables de dénouer les situations de blocages dont sont victimes les scénaristes, ne fait qu’accentuer les difficultés de ces derniers qui finissent par se rejoindre dans la frustration et l’inactivité, renversant au passage la devise positiviste de Lénine. Le travail de Liv Schulman met en lumière le hiatus fondamental de ces écrivains qu’une obligation de résultat pousse à produire sous la contrainte — contre toute logique — des scénarios efficaces. Là encore, le travail de Schulman met en lumière les signaux paradoxaux qu’une société envoie à l’endroit de ses « créateurs » quand elle aligne le régime de la créativité sur celui de la productivité. Jouant de manière jubilatoire avec le jargon des thérapeutes, elle met en scène un groupe de personnes en conflit avec leurs propres personnages, ne sachant plus trop bien dans quel ordre — fictionnel ou réel — ils se situent, terrorisés par une psy lacanienne sadique. Le décor interchangeable de ces lieux municipaux sans qualités évoque la vie pareillement interchangeable et dévaluée des personnages. À Zoo galerie, un grand tapis / patchwork sommairement réalisé recouvrira les canapés, les divans, les meubles, etc. d’où n’émergeront que les moniteurs, comme une sorte de résidu de l’activité productrice d’un lieu ne laissant subsister que les films.
Liv Schulman a participé à la Biennale de Rennes 2016 Incorporated !, (cur. François Piron), à la série d’expositions « Tes mains dans mes chaussures » à la Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy–le-Sec en 2017 (cur. Vanessa Desclaux et Emilie Renard) ; elle expose en ce moment à Copenhague (« L’Obstruction », exposition personnelle au sixtyeightartinstitute) et effectue une résidence au Parc Saint Léger, centre d’art de Pougues-les-Eaux.
The Night shift
Curated by: Patrice Joly
Opening on Friday October 27, 6.30 pm
For her first solo show in France, Liv Schulman is showing a mini-series in three episodes about a group of scriptwriters suffering from a tremendous shortage of ideas.
Que faire?was entirely filmed in municipal premises in Noisy-le-Sec with a group of amateur actors, all living in the city. Que faire? is intended to offer clues about strategies for constructing fictions and distilling ideas about the potential of creativity as a productive force. It presents a heterogeneous group of characters resulting from the artist’s intense scriptwriting energy, fuelled by the close observation of a place devoted to the production of cultural discourse, the art centre. Inspired by Lenin’s book emphasizing the need to form groups in order to produce action, the series describes its opposite counterpart: undermined by the powerlessness eating away at them, all that the group of scriptwriters manages to develop is an acute form of frustration. Liv Schulman’s fiction describes the process of alienation of a category of people, authors of series, and victims of the ruthless pressure of a system which summons them, come what may, to produce recreational fiction.
The recourse to guiding therapies, supposedly capable of unravelling the blocked situations which scriptwriters are victims of, merely accentuates the difficulties experienced by these latter, who end up being joined together in frustration and inactivity, upsetting, in passing, Lenin’s positivist motto. Liv Schulman’s work sheds light on the fundamental hiatus of these writers, prompted by an obligation to come up with results to produce effective scripts under constraint—against all logic. Here again, Schulman’s work sheds light on the paradoxical signals which a society sends to its “creators”, when it aligns the system of creativity with that of productivity. Playing in a merry way with the jargon of therapists, she presents a group of people at odds with their own characters, no longer knowing too well in what order of things—fictional or real—they are situated, terrorized by a sadistic Lacanian shrink. The interchangeable décor of these anonymous municipal premises conjures up the similarly interchangeable and devalued life of the characters. At Zoo Galerie, a large and rudimentarily made patchwork will cover the sofas, couches and other furniture, in such a way that all that emerges from it is monitors, like a kind of leftover of the productive activity of a place which lets only films exist.
Liv Schulman took part in the Biennale de Rennes 2016 Incorporated !, (cur. François Piron), and in the series of exhibitions “Tes mains dans mes chaussures” at the Galerie, Centre d’art contemporain de Noisy–le-Sec in 2017 (cur. Vanessa Desclaux & Emilie Renard) ; she is currently exhibiting her work in Copenhagen (“L’Obstruction”, a solo show at the sixtyeightartinstitute) and has a residency at the Parc Saint Léger, centre d’art de Pougues-les-Eaux.