Zoo Galerie présente
MONKY BUSINESS
Une exposition d’Olivier Babin
du 19 juin au 17 juillet 2004
MONKEY BUSINESS, c´est une petite arnaque. MONKY BUSINESS, ce serait une petite filouterie camouflée sous une robe de bure. Adepte de jeux de mots, de ces petits décalages presque imperceptibles qui piègent le sens commun, Olivier Babin a conçu sa première exposition personnelle comme une sorte de mirage.
Dans une ambiance austère, murs blancs, moquette blanche, la luminosité provient de fausses fenêtres dont les volets roulants laissent filtrer une lumière fragmentée immuable (Die sieben Tagen). Il y en a sept, comme les jours de la semaine, mais cette semaine-là ne se termine par aucun jour du seigneur : les instants ne passent pas, la lumière ne décline jamais. Le temps est suspendu. Pas de délivrance en vue, pas de perspective, aucune transcendance. C’est le temps d’après la fin des temps : il ne se passe rien, mais ça continue.
Dans ce paysage à la pureté naïve, un peu idiote, Olivier Babin distribue ici et là quelques signes qui empruntent leurs formes et leurs formats à des documents d´art conceptuels. Mais là encore, l´information est plus que minimale. Dans une série, trois petites affiches blanches ressemblent à des monochromes. Si on s´approche, on découvre, au bas de chacune, un texte qui continue de l´une à l´autre. Un discours fort énigmatique aux allures gnostiques qui n´est autre qu´un rapport de Donald Rumsfeld au sujet des armes de destruction massive en Irak. Une parole totalement absconse qui prétend néanmoins décider de l´avenir du monde (The Unknown (search & destroy edit)).
Une autre série (No escape) est constituée de trois feuilles de papier blanc dont les inscriptions sont gaufrées, sur le modèle de la couverture de La disparition de Georges Pérec chez Gallimard. Trois verbes (commençant évidemment par un E) évoquant la disparition au sens littéral apparaissent : END, ERASE, EJECT.
Dans un coin, seul point de couleur, on peut regarder L´homme inlisible, film sans image dont les bancs-titres retranscrivent les dialogues de quelques chapitres de L´homme invisible de H.G. Wells. En bleu sur fond rouge, difficilement lisible, une petite violence binaire qui vient perturber la quiétude apparente des lieux.
Dans ce grand nulle part, les indices sont parcellaires, les énigmes tournent à vide, les interrogations restent sans réponses, et l´objet même de la recherche reste non identifié. Entre cage à singe et cellule monastique, on en perd son latin.