Zoo galerie présente
Plus réel que l’herbe #2 (low profile/high resolution)
une carte blanche à Armand Morin, lauréat du Prix de la ville de Nantes 2008
du 20 novembre au 13 décembre 2009
Avec Jules Bouteleux, Guillaume Constantin, Philippe Comtesse, Sandro Della Noche, Thibaut Espiau, Yann Gerstberger, Jacques Loeuille, Armand Morin et Ernesto Sartori
Second volet du diptyque Plus réel que l’herbe, collaboration entre Ernesto Sartori et Armand Morin, low profile and hi-resolution se présente comme une exposition qui documenterait un territoire fictif fait de reprises d’élément culturels ou historiques, de paysages artificiels ou surréels.
Balade nocturne dans un casino. On traverse les allées, un soda à la main . La nuit y est une aube constante, un ciel en faux plafond. Il est 3 heures du matin. De petits nuages rosés demeurent immobiles. D’autre couloirs nous feront entrer dans d’autres casinos, d’autres endroits connus, Paris, Venise… Plus réel que l’herbe #2, Low profile / Hi-resolution, nous fait traverser de la même manière des paysages qui en reproduisent d’autres. Nous visitons des fantasmes devenus réalités partielles, plus ou moins précises dans leurs constructions.
Le film Balade en Flandres de Jacques Loeuille documente la réappropriation qu’opèrent français et belges d’une certaine mythologie américaine par le récit de vérités historiques. Ces reconstitutions sont des spectacles, des jeux de rôles qui prennent leurs distances avec la complexité historique et s’insèrent dans un contexte actuel par un système de représentation riche mais inexact. À Miami le terrain marécageux a été transformé pour satisfaire le développement de l’activité humaine. Sur ce territoire, immense table rase, l’apparence d’une Histoire est notamment suggérée par les influences espagnoles ou italiennes sur des buildings rendus monstrueux. Ces observations sur Miami, Armand Morin les réinjecte dans son film Pardon Our Dust. Plus loin, Thibaut Espiau se construit un canoë et film sa descente de L.A River. Au cœur d’un paysage brutal, la performance glisse vite vers la traversée d’un décor qui murmure des fictions.
Plus réel que l’herbe #2 est une escapade en pays étranger, composition caricaturale d’emprunts variés. Un territoire de résumés, gouverné par une esthétique Reader’s Digest. Jules Bouteleux nous en montre une facette, avec ces maisons qui s’appellent volontiers Castles parce qu’elles possèdent quelques créneaux et tourelles, une autre vision archaïsante de l’Europe proposée aux Etats-Unis. Autour de ces œuvres où les images documentaires servent poésie et récit, les sculptures Pique-nique à Hanging Rock de Sandro Della Noche et Love and Married de Yann Gerstberger, concentrent des fragments d’expériences, d’objets et de lieux pour proposer des voyages immobiles dans des cultures et espaces composites. Ils avancent ainsi une vision actuelle et distanciée de l’exotisme. Les propositions de Guillaume Constantin s’immiscent dans cette exposition comme elles pourraient le faire dans notre quotidien. La transformation d’objets usuels et les références combinées à l’Histoire de l’Art (ici un dessin de Bellini) où le paysage révèle des apparitions, des spectres dans notre environnement. Philippe Comtesse propose une menace, une alerte à l’adresse du public. Son travail extrait régulièrement les ressorts dramatiques de certains types de fiction (film d’horreur par exemple), pour voir si nous sommes effectivement conditionnés à réagir à ces signes. Le message ici encore est un cliché, un effet de genre qui fait discrètement immersion dans l’exposition, proposant à celle-ci un nouveau contexte extérieur. Quant à la peinture d’Ernesto Sartori, elle tient à la fois de l’architecture utopiste des années 60 et de l’oracle. En enjambant ainsi notre présent, il nous projette dans un futur parallèle. Everyday ghost.