Zoo galerie présente
Bad Lux
Une exposition de Stefan Nikolaev
Du 10 décembre 2005 au 21 janvier 2006
Stefan Nikolaev est né en Bulgarie. Il vit à Paris et Sofia, il a effectué ses études à l’école des beaux-arts de Paris. Après avoir exposé à Glasgow au CCA cette année et avant Casino Luxembourg et la galerie Michel Rein, il présente à Nantes Bad Lux, un ensemble de pièces inédites.
Bad Lux est une exposition qui recense un certain nombre des obsessions et des thématiques de l’artiste, notamment l’idée de la nostalgie/disparition d’une certaine forme de vie que le projet Riding the Gravy Plane, présenté à la Fiac cette année synthétisait spectaculairement (1).
Formellement, le travail de Stefan Nikolaev s’ordonne autour de la recréation et de la revisitation d’objets emblématiques de la société de consommation : le formalisme exacerbé de ses productions, frôlant par endroits le maniérisme, aborde les contours mouvants du fétichisme. Autour de la cigarette, objet de prédilection de son travail qui symbolise une civilisation en voie de disparition et une way of life condamnée par la health society, se développe toute une production de pièces qui se réapproprient les produits dérivant de l’objet générique : cendriers, boite de cigarettes, lampes, etc. Les objets/sculptures conçus dans cette perspective entretiennent des liens très forts avec le Pop Art (ses boîtes de cigarettes font inévitablement penser aux Brillo boxes de Warhol) tout en amenant une dimension supplémentaire, celle du design et de la limite entre sculpture et mobilier. Là où le Pop Art “se contentait” de magnifier l’objet de grande consommation en le “révélant” tout en conservant ses contours, Stefan Nikolaev réactive ses bases formelles pour développer une fonctionnalité plus ou moins effective. Dans ses dernières expositions (comme à Glasgow cet été), l’artiste a tenté de recréer des intérieurs enveloppants qui enserrent le spectateur dans un piège visuel et symbolique. Là où la société tend à la faire disparaître du paysage, physiquement mais aussi en infiltrant des réflexes de culpabilisation, Stefan Nikolaev inverse la vapeur en recréant des univers domestiques où l’emprise de la cigarette devient entêtante par sa surprésence. Ses pierres tombales en forme de paquet de JPS ou Davidoff agissent en contrepoints ironiques et douloureux de cette fascination. Si la cigarette est si importante c’est parce qu’elle catalyse les questions d’interdit, de permissivité mais aussi de glamour et de volupté, ainsi que tous les paradoxes d’une société qui s’acharne à détruire les indices d’une valorisation désormais défendue (Cf: le cow-boy Marlboro, symbole de la virilité US). L’œuvre de Stefan Nikolaev peut également s’entendre comme un travail (de deuil) sur des mythologies périssables, l’archéologie d’un très proche passé au service d’une nostalgie grandissante.
(1) Welcome to the Gravy Plane présenté à la Fiac cette année sur le stand de la revue 02 est un projet de vol fumeur entre Paris et New-York : l’idée est de recréer les conditions du voyage “originel” en redonnant au voyageur et non plus au consommateur toutes les dimensions hédonistes du voyage : de la dégustation de Scotch 21 ans d’âge à la possibilité de fumer, de la projection de films d’auteur jusqu’au comportement des hôtesses et stewards, “apprêtés” et attentifs, toutes choses ravalées au rang de suppléments payants dans les low cost compagnies. Le Gravy Plane met en scène tout un tas de propositions on board : de la création d’une ligne de vêtement pour le personnel navigant à l’activation de micro-événements artistiques tout au long du vol jusqu’à la prise en charge “spéciale” des voyageurs à la montée et la descente de l’appareil.