cycle de 3 rencontres en plein air autour de l’œuvre de Benoît-Marie Moriceau Scaling Housing Unit
Prochaine rencontre :
Mardi 17 septembre, 19h, sur le toit-terrasse de l’école d’architecture de Nantes
« Utopies et réalités, fragile modernité » par Alice Laguarda
L’unité d’habitation de Rezé s’inscrit dans l’histoire des utopies architecturales et urbaines dont l’un des moments majeurs prend forme au XIXe siècle avec le Phalanstère de Charles Fourier et le Familistère de Jean-Baptiste Godin. Dans Scaling Housing Unit, Benoît-Marie Moriceau crée une confrontation entre la monumentalité du bâtiment de Le Corbusier et les idées d’exploit, d’aventure, mais aussi de précarité et de danger.
Prolongeant ce dialogue, l’évocation de diverses propositions artistiques (Jordi Colomer, Joep Van Lieshout, Kader Attia…) nous permettra d’interroger les idéaux philosophiques et esthétiques de la modernité architecturale. Les questions de l’habiter et du « vivre-ensemble » seront des points d’appui pour examiner les échecs et les espoirs des architectes modernes, et leur mise en perspective critique par les artistes contemporains.
Alice Laguarda est critique d’art et d’architecture, collaboratrice des revues art press et L’Architecture d’Aujourd’hui.Elle est professeur d’esthétique et enseignante-chercheuse à l’Esam Caen/Cherbourg.
Il est conseillé de se munir de jumelles.
Précédemment :
« De la cellule pirate au mur systolique » par Christophe Le Gac, Vendredi 12 juillet, 19h, quai du Pdt Wilson
Benoît-Marie Moriceau a posé des modules sur le pignon nord de l’unité d’habitation Le Corbusier à Rezé. Cet acte de confronter un style d’habitat fragile à la force du béton renvoie à un tout un pan de l’histoire de l’architecture : « l’implantation libre de cellules individuelles, évolutives et mobiles » sur des bâtiments préexistants. Dans les années 60, autour des architectes Chanéac, Pascal Haüsermann, Antti Lovag et de la figure tutélaire de l’écrivain Michel Ragon, le Groupe International d’Architecture Prospective revendiquait une alternative à l’angle droit tout en s’appuyant dessus. L’utilisation de structure parasite en constituait l’essence même. L’exemple le plus célèbre reste sans conteste celui mené par Marcel Lachat, à Genève, en décembre 1971. Cet ami d’Haüsermann appliqua à la lettre le « manifeste de l’architecture insurrectionnelle » formulé, à Bruxelles, par Chanéac le 4 mai 1968 ! Son « fait divers » bouscula les aspects juridiques, sociaux et esthétiques de la barre dite de style international. À suivre… À partir de ces figures historiques jusqu’aux plus récentes expériences architecturales « liquides », une sorte de récit, de croissances et d’excroissances architecturales, tentera d’incrémenter la proposition faite sur la maison radieuse.
Christophe Le Gac est éditeur, enseignant, architecte, critique d’art, curateur.
« Du silo à la montagne : vers un paysage » par Pascal Riffaud, Dimanche 8 septembre, 19h, esplanade Jean Bruneau, rue de l’Hermitage, butte Ste-Anne.
L’œuvre de Benoit Marie Moriceau modifie la perception de la Maison Radieuse. Elle fait glisser l’architecture vers une dimension « paysagère ». En 1923, avec son manifeste « Vers une architecture », Le Corbusier, fasciné par son échelle, introduit le silo dans l’architecture « voici des silos et des usines américaines, magnifiques prémices du nouveau temps… ». En 1995, dans son texte « Bigness », Rem Koolhas emploie la métaphore de l’alpinisme : « Au-delà d’une certaine échelle, l’architecture acquiert les propriétés de la Bigness. La meilleure raison que l’on ait d’aborder la Bigness, c’est celle que donnent les alpinistes qui s’attaquent à l’Everest : « parce que ça existe ». La Bigness est l’architecture ultime ». Au regard de l’œuvre « Scaling Housing Unit » et de la production architecturale des 50 dernières années, qu’en est-il de ce nouvel item de l’architecture contemporaine que représente la montagne ?
Pascal Riffaud est architecte (Block Architectes) et enseignant à l’ESBA Angers.